De mon ami poète ;
GUY BEZZINA
Il était le soleil, elle n’était que son ombre.
Il avait tant d’esprit qu’elle en paraissait sombre,
Sans relief et discrète, quand le soleil versait
Des torrents de lumière sur l'homme illuminé.
Elle aurait bien aimé avoir aussi sa place,
Se sentir une femme en regardant la glace...
Trop longtemps opprimée, interdite de jour,
Elle s’était crue éteinte, cloitrée dans une tour .
Car il était partout, arrogant et superbe
Lui Imposant sa loi et du geste et du verbe…
Mais un jour une éclipse assombrit son esprit;
L’astre disparut dans une profonde nuit.
Et de l’ombre jaillit une douce lumière
Qui bien vite occupa une place première.
Elle n’éblouissait pas, n’en avait pas le goût
Mais retrouvait sa place, libérée de son joug.
Les jours, loin du soleil qui l’avait desséchée,
Reprenaient les couleurs qu’elle avait tant cherchées…
Des tyrans domestiques imbus de leur personne
Se voient maitres absolus de vies qu’ils emprisonnent.
Pour grands que soient les hommes, il suffit de bien peu
Pour que le destin change le sort des vaniteux..