Guy Bezzina
Grammaire d’un homme heureux
Le passé composé de mes temps à la mode
A fui depuis longtemps le rude indicatif.
Je vis dans mon présent , un heureux subjonctif,
En singulier gourmand de verbes plus commodes.
Aux lois de la syntaxe, je fais des exceptions,
Quand je m’endors la nuit dans des conditionnels
Qui m’emportent au loin aux vents circonstanciels,
D’épithètes fleuries du complément d’un nom.
J’accorde mon sujet au verbe transitif
Qui m’offre pour objet un singulier prénom,
Choisi entre dix mille, serti dans un pronom,
Que parfois je décline au cas du vocatif.
Des charges quotidiennes, je hais l’impératif
Je garde mes ennuis au frais dans le futur.
Je conjugue ma voix à d’amoureux murmures
De mots plus que parfaits aux tons d’infinitifs
Dans ma neuve grammaire, je garde les accords
Et laisse aux pessimistes les verbes défectifs…
Je m’entoure d’amis tendrement possessifs
Dans un superlatif, chaque soir, je m’endors…
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